Sensibiliser tous les publics à des pratiques de consommation plus vertueuses, plus respectueuses des humains et de l’environnement fait partie de l’ADN de l’Association Léo Lagrange pour la défense des consommateurs (ALLDC). Fin 2024, le projet de l’Association citoyenne et laïque des consommateurs (ACLC), à laquelle adhère l’ALLDC, a été retenu dans le cadre d’un appel à projet sur le thème « sensibilisation et accessibilité des consommateurs aux pratiques de consommation durables ». Une série d’ateliers a été conçue et est en cours de déploiement, auprès des enfants, adolescent·es et adultes : témoignages !
La sensibilisation se compose de plusieurs étapes :
- Un atelier d’écoute avec une psychologue qui va questionner les personnes sur leurs habitudes de consommation.
- 3 ateliers thématiques : la fast fashion, l’impact du numérique sur l’environnement et la lutte contre le gaspillage alimentaire.
- Une dernière séance avec la psychologue pour mesurer l’impact de l’action sur leur comportement de consommateurs.
L’ALLDC et ses partenaires membres de l’ACLC se répartissent les interventions qui se déroulent dans toute la France. Des structures Léo sont évidemment partenaires et leurs usager·ères ont été invité·es à assister aux ateliers.
(Re)lire l’interview de Ludivine Coly-Dufourt, directrice de l’ALLDC, qui présente en détail ce projet mis en œuvre dans le cadre d’un appel à projet émis par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).
La curiosité des enfants et le langage « b.i.s.o.u »
À Nantes (44), un groupe d’une quinzaine d’enfants de l’accueil périscolaire Garennes Joseph Blanchart a participé au projet. Kelly Chauvin, directrice du site, a assisté aux ateliers. Elle a trouvé les enfants particulièrement attentifs et curieux. Elle précise que les intervenant·es étaient très pédagogues et que les animations s’adaptaient parfaitement au jeune public : « les jeux rythmaient l’atelier ! Mots mêlés sur la fast fashion, devinettes, mappemonde sur le trajet d’un vêtement : c’était très interactif et les enfants ont apprécié ! »
La professionnelle évoque le langage « b.i.s.o.u » que les enfants ont très bien mémorisé ! L’acronyme constitue un moyen mnémotechnique pour s’interroger avant d’acheter un vêtement :
- B pour besoin : ai-je vraiment besoin de réaliser cet achat ?
- I pour immédiat : est-ce que je peux attendre pour décider ?
- S pour semblable : peut-être ai-je déjà un produit similaire ?
- O pour origine : d’où vient ce produit ? Qui l’a fabriqué ? Est-ce fabriqué localement ?
- U pour utile : cet achat va-t-il m’apporter un confort primordial ? Est-il vraiment nécessaire ?
Kelly a également acquis de nouvelles connaissances grâce à ces ateliers ! « Lorsque nous avons parlé du gaspillage alimentaire, nous devions placer les aliments dans un frigo, représenté sur un kakémono. Je ne connaissais pas vraiment les meilleures pratiques de rangement, afin de conserver au mieux les aliments et d’éviter le gaspillage. »
Les adolescent·es du centre social le Tempo étonné·e s par l’impact du numérique sur l’environnement
Avec les adolescent·es du centre social le Tempo à Dijon (21), c’est la thématique du numérique qui les a le plus captivés ! Blanche et Baptiste, 15 ans, affirment être déjà sensibilisés à la consommation durable.
Cependant, ils ont découvert l’impact des data centers et de l’extraction des métaux et terres rares pour la fabrication des smartphones et autres équipements numériques. « Les data centers chauffent et donc consomment énormément d’eau pour leur refroidissement. Certains matériaux utilisés pour la fabrication des smartphones sont très dangereux pour les ouvriers qui les extraient. Je ne le savais pas », détaille l’adolescente. Baptiste poursuit : « j’ignorais que la fabrication des téléphones polluait autant et que des personnes étaient exploitées pour cela. Ce que j’ai appris m’a marqué. »
« Nous sommes déjà très impactés par le réchauffement climatique, nous aussi nous devons changer des choses… »
Si les familles de Blanche et Baptiste pratiquent déjà la consommation durable, en achetant local et des fruits et légumes de saison autant que possible, il·elles se rendent bien compte de l’importance de généraliser ces pratiques respectueuses de l’environnement : « nous sommes déjà très impactés par le réchauffement climatique, nous aussi nous devons changer des choses, cela n’appartient pas seulement aux adultes », affirme le jeune homme. Sa camarade conclut : « il faut consommer durable pour la planète et ne pas penser qu’à soi. Mais aussi, il ne faut pas juger les personnes sur leur mode de vie, chacun fait comme il peut. »
Les ateliers sont animés par des juristes de l’ACLC et des bénévoles des associations de consommateur·rices. Michel Royole-Dégieux est administrateur de l’ALLDC et président de Léo Lagrange Consommation en Saône-et-Loire. Militant Léo de longue date, il a également été trésorier de l’établissement régional. Il a co-animé avec Ludivine Coly-Dufourt, directrice de l’ALLDC, les ateliers au Tempo à Dijon. Il raconte : « j’ai été étonné de la maturité et du sérieux des adolescents. Tout en étant joueurs, ils prenaient au sérieux les échanges et le sujet abordé. » Il explique également que les jeunes ne découvraient pas la consommation durable : « ils connaissaient en partie les conséquences de la fast fashion. Ils ont bien conscience de ce qui se passe autour d’eux et de l’importance de s’en soucier. »
La consommation durable : une responsabilité citoyenne
Toutefois, il conclut en affirmant : « bien que la consommation durable semble être abordée par tout le monde, aussi bien dans le concret avec le tri et le recyclage par exemple, que dans la réflexion politique et économique, nous devons poursuivre notre engagement. Nous devons fabriquer des objets qui répondent à nos besoins et produire le plus durable possible. »
De la production à la consommation, c’est bien une responsabilité collective et citoyenne que nous portons toutes et tous : adopter des pratiques durables, résister aux marketings poussant à la consommation, et sensibiliser tou·tes nos usager·ères à s’inscrire dans cette démarche citoyenne.
Pour garder le contact :
Ludivine Coly-Dufourt
Directrice de l’ALLDC
ludivine.coly@leolagrange.org