À Amiens, Léo Lagrange Petite Enfance a initié une expérimentation innovante pour accompagner des mères isolées bénéficiaires du RSA, éloignées de l’emploi et sans mode de garde. En partenariat avec France Travail et le conseil départemental de la Somme, cette action a été menée d’avril à juin 2025 pour lever un frein essentiel à l’insertion : la garde des jeunes enfants.
Accompagner parents et enfants pour faciliter la séparation
Chaque lundi matin, pendant dix semaines, un groupe de huit mères participait à des ateliers collectifs animés par des professionnel·les de l’insertion. Afin de permettre leur participation à ces ateliers, la directrice de la crèche et une éducatrice de jeunes enfants s’occupaient des tout-petits dans une salle voisine. Les enfants pouvaient circuler d’une pièce à l’autre. L’action s’est déroulée dans un centre de loisirs maternelle, mis à disposition par la mairie d’Amiens.
« Au départ, la plupart des participantes refusaient de laisser leur enfant, même une heure. S’il ne fréquente aucune structure d’accueil, c’est parce qu’elles ne le souhaitent pas : pour elles, tant que l’enfant n’est pas scolarisé, on ne le fait pas garder, on s’en occupe soi-même », raconte Delphine Delfosse, aujourd’hui coordonnatrice petite enfance, qui avait conçu et porté cette action lorsqu’elle était directrice de la crèche.
Construire la confiance, soutenir la parentalité et l’insertion
Face à cette réticence, l’équipe Léo a misé sur la progressivité pour créer une relation de confiance. Un temps d’accueil commun de 9h à 9h30 a été instauré : mères et enfants s’installaient ensemble, partageaient un moment de comptines et de jeux, avant que les parents rejoignent leur atelier.
« C’était important que les mères sentent qu’on ne leur enlevait pas leur enfant. On partait de leur façon de faire, de leurs repères, pour sécuriser à la fois les enfants et les parents », souligne Delphine.
D’ailleurs, cette expérimentation a également été pensée comme une action de soutien à la parentalité : « Nous n’étions pas là en “sachantes”, mais en partenaires. Le rôle de la crèche associative, c’est aussi d’être un repère rassurant dans le parcours des familles, de leur montrer qu’elles peuvent s’appuyer sur nous. Et à tout moment, les mères restaient actrices de la vie de leur enfant », précise Delphine.
Ainsi, au fil des séances, des liens se sont tissés. Les échanges informels ont permis d’aborder des questions liées à la parentalité, à la scolarisation ou à la confiance en soi comme parent. Les mères ont vu leurs enfants jouer sereinement, et retrouver les professionnelles avec plaisir.
« Une participante m’a dit un jour : “Si c’est une crèche comme vous, alors je veux bien confier ma fille.” C’est une réussite pour nous ! » poursuit la professionnelle qui précise que l’objectif était de faire connaître le fonctionnement et les valeurs des crèches associatives et municipales, afin de rassurer les parents et de les inciter à confier leur enfant à ces structures d’accueil.
Une des participantes a d’ailleurs franchi le pas et inscrit son enfant à la crèche après l’expérimentation !
Léo Lagrange Petite enfance, un acteur social ancré dans son territoire
La première promotion de cette expérimentation, financée par le dispositif Cités éducatives et la CAF, s’est déroulée dans un quartier prioritaire d’Amiens, marqué par des fragilités sociales. Le partenariat avec la Ville, France Travail et le Département de la Somme a permis de conjuguer compétences sociales, insertion et expertise éducative.
L’un des enseignements a conservé en mémoire : toute expérimentation nécessite des ajustements afin de trouver le bon mode opératoire avec les partenaires. Et Léo Lagrange Petite enfance reste convaincue de l’utilité sociale de ces initiatives pour soutenir la parentalité tout en agissant pour l’insertion sociale et professionnelle.
La crèche Léo Lagrange d’Amiens, première structure de la Somme labellisée AVIP – À vocation d’insertion professionnelle, a mis à profit son expérience auprès des familles en insertion pour construire un cadre bienveillant et sécurisant. « Nous connaissons ce public en précarité car nous l’accueillons déjà dans notre crèche AVIP. Nous savons qu’il faut du temps pour créer du lien. Mais quand la confiance s’installe, tout devient possible » complète Delphine.
En initiant cette expérimentation, Léo Lagrange Petite Enfance confirme son rôle d’acteur social ancré dans les territoires, capable d’apporter des réponses concrètes aux besoins des familles les plus fragiles. Au-delà du mode d’accueil, c’est toute une démarche d’accompagnement global, fondée sur la relation de confiance et le respect des parcours de vie, qui se déploie.
« En rassurant les parents sur la qualité de l’accueil et en les confortant dans leur rôle, nous contribuons à faciliter leur parcours d’insertion » conclut la professionnelle LLPE.
(Re)lire Les petits trésors : une crèche à vocation d’insertion professionnelle
Pour garder le contact :
Delphine Delfosse
Coordinatrice petite enfance
delphine.delfosse@leolagrange.org




