Les 20 et 21 novembre derniers à Dijon, quelques 110 personnes se rassemblaient pour une nouvelle Convention Europe de la Fédération Léo Lagrange (FLL). 12 pays représentés, jeunes, partenaires, professionnel·les, expert·es et élu·es rassemblé·es pour deux journées placées sous le signe de la jeunesse et de la citoyenneté en Europe !
Pensée et pilotée par la Fédération Léo Lagrange avec Célia Dedeyan, responsable des projets européens, et Philippe Giraud, administrateur de la FLL, cette nouvelle édition de la Convention européenne s’inscrit dans une ambition clairement assumée. Le choix de la citoyenneté comme fil rouge fait écho à une réalité de terrain : « la majorité des projets qu’on dépose aujourd’hui tournent autour de cette thématique, ça témoigne d’un intérêt et d’un besoin. » Dans un contexte de montée des idées d’extrême droite en Europe, la Convention a voulu « réaffirmer une vision de l’Europe tournée vers la démocratie et l’inclusion », en s’appuyant sur la force de l’éducation populaire et sur des projets transnationaux à fort impact local : « les projets européens sont transnationaux, mais ils ont un fort impact local, et c’est ce qu’on défend ».
Deuxième axe fort : passer résolument de l’échange à l’action. « On a voulu s’aligner stratégiquement avec nos partenaires et faire émerger des projets concrets, financés et structurés autour de programmes européens », souligne Célia Dedeyan. Cette volonté s’est traduite par une ouverture accrue à de nouveaux partenaires, notamment régionaux, et par une ingénierie d’ateliers pensée pour aboutir à de véritables dépôts de projets en 2026.
Enfin, la Convention a réaffirmé son ancrage territorial, en lien étroit avec Dijon et la région Bourgogne-Franche-Comté, partenaire de la convention aux côtés de l’OFAJ. « Cette année, on a voulu réaffirmer le rôle clé des collectivités locales, réussir à travailler avec elles et créer des coopérations entre acteurs institutionnels, associatifs et partenaires européens ».
Cette édition marque aussi un tournant par son ampleur : jamais la Convention n’avait réuni autant de participant.es — plus de 110 personnes dès la première journée — ni autant de pays, avec 12 nationalités représentées. Une richesse qui a profondément nourri les échanges : « il y a eu une vraie découverte d’un large réseau d’organisations extérieures, avec des projections très concrètes, sources de grande motivation », note Célia Dedeyan. Multilingue, dense, parfois exigeante, cette diversité a renforcé l’un des enjeux centraux de la Convention : construire une feuille de route européenne collective, en impliquant pleinement les jeunes, pour transformer les idées partagées en projets concrets dès 2026.
Une première journée en plénière : élu·es, jeunes et partenaires partagent leurs visions
La Convention Europe 2025 s’est ouverte sur un temps fort : une grande plénière consacrée à la citoyenneté active et au rôle de l’Europe dans la vie démocratique locale. Animée par Benjamin Mauduit, responsable plaidoyer et représentations extérieures de la Fédération Léo Lagrange, cette première séquence a posé le cadre : penser l’Europe depuis les territoires, pour relier le local au global.
Autour de la table ronde « Europe et citoyenneté active : faire vivre la démocratie à l’échelle locale », plusieurs voix se sont croisées : Murielle Laurent (députée européenne), Liliane Lucchesi (conseillère régionale Bourgogne Franche-Comté), Massar N’Diaye (adjoint au maire de la Ville de Dijon), Monika Sargsyan (directrice de l’organisation KASA – Fondation Humanitaire Suisse) et Yves Blein (président de la Fédération Léo Lagrange). Ensemble, ils ont exploré ce qui fonde l’engagement, comment se vit la démocratie au quotidien, et quels défis se dessinent pour les jeunesses européennes.
Dès l’ouverture, un point commun se dégage : l’engagement naît tôt. Déclarations de candidature comme délégué·e de classe, participation à des mouvements étudiants, expériences marquées par la guerre ou les inégalités, premiers pas dans des associations ou des mouvements de jeunesse… Chacun raconte un moment fondateur où l’envie de défendre des valeurs s’est imposée. Les intervenant·es ont ensuite partagé leur manière, aujourd’hui, de “faire vivre” la démocratie. Un fil rouge revient : écouter, expliquer, donner les moyens d’agir.
La question des enjeux majeurs pour les jeunesses européennes a fait émerger plusieurs priorités convergentes : la transition écologique, la paix, l’accès aux mobilités, la cohésion sociale, et surtout la compréhension des systèmes démocratiques dans un monde où l’information circule vite… parfois trop vite. Les intervenant·es ont insisté sur la nécessité de renforcer l’esprit critique, de redonner de la lisibilité aux politiques publiques, et de montrer, concrètement, ce que l’Europe permet dans la vie quotidienne.
Pour les responsables politiques comme pour les organisations comme Léo Lagrange, l’enjeu est désormais clair : être à la hauteur de l’énergie et des besoins de la jeunesse, ouvrir des espaces d’expression et d’apprentissage, et garantir que les jeunes puissent prendre pleinement part aux projets collectifs européens.

Des agoras pour confronter les réalités et ouvrir le débat
Après la table ronde, la Convention a basculé dans un format participatif : deux agoras successives, animées par Théo Aiolfi, professeur junior à l’Université de Bourgogne, et Nermina Trbonja, conseillère régionale de l’OFAJ pour les Balkans. Leur rôle : créer les conditions d’un échange sincère, où chacun pouvait partager son quotidien, ses préoccupations, et une certaine vision de l’Europe à hauteur d’humain.
Ces agoras ont pris la forme de trois séquences successives. La première invitait à répondre à une question simple mais vertigineuse : comment va le monde ? La diversité des points de vue, selon les pays, mettait en lumière des réalités parfois contrastées, mais traversées par une même inquiétude face aux crises politiques, sociales et environnementales.
La deuxième séquence recentrait le regard : comment vont les jeunesses européennes, et qu’est-ce qui les relie ? Beaucoup ont pointé le paradoxe d’une génération à qui l’on demande énormément, mais dont on ne prend « pas assez soin », comme l’a exprimé un participant. Les mots revenaient : pression, espoir, fatigue, envie de peser.
Puis le groupe est passé à un temps plus constructif : quels leviers concrets pour renforcer la participation des jeunes ? Comment bâtir une dynamique qui traverse les frontières ? Benjamin Mauduit a rappelé l’ambition de la démarche : « L’agora amenait du participatif, voire même du débat. L’idée était d’aligner les enjeux d’une feuille de route collective qui permettrait, à la fin des 4h, de constituer une équipe pour un parcours dès fin 2025, avec des rencontres en ligne et en présentiel. Des jeunes, et pas seulement, de différents pays. Une délibération en direct sur des sujets importants. »
Ce temps a réellement joué son rôle : les participant.es se sont impliqué.es, ont proposé des idées, et certain.es ont même manifesté l’envie de poursuivre l’aventure au long cours. Une Europe concrète, vécue à travers la discussion et la construction collective.
Des ateliers thématiques pour transformer les échanges en projets européens
La deuxième journée de la Convention a pleinement incarné cette volonté de mise en action. Consacrée aux ateliers thématiques, elle a permis aux participant·es — professionnel·les, jeunes, partenaires associatifs et institutionnels — de se projeter concrètement dans la construction de projets européens. Chaque atelier, pensé comme un véritable laboratoire de coopération, s’est déroulé sur toute la journée afin de favoriser la continuité des échanges et l’émergence d’idées solides.
Les 7 thématiques traitées : Culture – Lutte contre les discriminations – Citoyenneté – Francophonie – Sciences et Numérique – Transition écologique – Petite enfance
Pour Myriam Cuenot Haddad, responsable pédagogique de Léo Lagrange Petite Enfance, cette journée a été « formidable ». « Ça augmente les prismes, de changer de cadre, du national vers l’européen », confie-t-elle. Pour la première fois, un atelier était spécifiquement dédié à la petite enfance à l’échelle européenne : « j’attendais de la rencontre et du partage, et c’est vraiment ce qu’il s’est passé ». Les échanges ont rapidement débouché sur des perspectives très concrètes, notamment autour d’un projet de rencontre trinational entre la France, l’Allemagne et la République tchèque. « On a pu travailler autour de ce projet en imaginant que d’autres professionnels présents puissent participer », raconte-t-elle, évoquant également les discussions sur la formation des professionnel·les, la participation des familles ou encore l’accueil de stagiaires Erasmus dans les structures. Au-delà des projets, Myriam souligne une dynamique collective précieuse : « ça ouvre le prisme de référence, ça nous sort du cercle de la législation française, et ça donne confiance en ce qu’on fait. C’est une émulation collective qui fait du bien ».
Même énergie du côté de l’atelier Culture, facilité par Clémence Babou, déléguée territoriale à l’animation et membre du Groupe Arts et Culture de la FLL. « Les échanges étaient riches, ça fusait d’idées », explique-t-elle. Après une première journée axée sur la discussion et le débat, la seconde a permis d’entrer dans le concret : « l’idée était de monter une ébauche de projet sur la thématique culture ». En s’appuyant sur une méthode de type world café, le groupe a travaillé à la structuration d’un projet transnational autour des droits culturels, en lien avec les 20 ans de la Déclaration de Fribourg à l’horizon 2027. « On a défini le sujet, les objectifs, les besoins, les activités, les publics cibles, puis on a fait une restitution en plénière », précise Clémence Babou, soulignant la diversité des profils et des pays impliqués : Lettonie, Allemagne, Roumanie, Luxembourg, France. « Je pense que c’est un projet réaliste et réalisable », conclut-elle.
Ces ateliers ont tous poursuivi un même objectif : créer les conditions d’une coopération européenne durable, ancrée dans les réalités locales et tournée vers l’action. Des bases solides pour les projets à venir et pour la feuille de route européenne de la Fédération Léo Lagrange à l’horizon 2026.
Plus qu’un temps de réflexion, cette Convention européenne aura posé des jalons concrets pour la suite. Les échanges, parfois politiques, souvent exigeants, ont surtout permis de faire émerger une dynamique collective assumée : celle d’acteurs européens décidés à passer de la parole à l’action. Les projets esquissés, les coopérations amorcées et les réseaux élargis dessinent déjà les contours d’une feuille de route européenne ambitieuse, à nourrir et à éprouver dans les mois à venir.
Pour en savoir plus sur les actions menées en direction de l’Europe à la Fédération Léo Lagrange









