Le conseil professionnel, composé de 27 salarié·es Léo Lagrange, participe à la vie de notre mouvement en émettant des avis sur les orientations stratégiques. Mardi 3 juin, ses membres se sont retrouvés pour une journée de travail sur la réécriture de notre prochain projet éducatif. A l’ordre du jour : une intervention de David Ryboloviecz, des CEMEA, sur l’ancrage historique, les références pédagogiques et le champ de l’éducation nouvelle au sein duquel s’inscrit l’association, puis un temps en sous-groupes sur les thèmes essentiels pour le réseau Léo Lagrange, tous métiers confondus.
Préparer notre prochain projet éducatif demande à toutes les parties prenantes de notre organisation d’être en capacité de faire un pas de côté pour prendre du recul sur le quotidien, sur les pratiques professionnelles et les valeurs qui guident notre action. Pour nourrir la réflexion, Benjamin Mauduit, responsables plaidoyer et des représentations extérieures, et Marie-Laure Davy, directrice déléguée Ouest et Dchargée de mission nationale activités & ressources, ont invité David Ryboloviecz, directeur aux enjeux culturels et sociétaux des Cemea – Centres d’Entraînement aux Méthodes d’Education Active.
A travers l’ancrage historique, intellectuel et militant de l’association, le professionnel a introduit la réflexion : quels sont les principes d’action et les références pédagogiques et éducatives qui comptent pour nous ?
Les vacances et le temps libre : l’ancrage historique des Cemea
Les Cemea et la Fédération Léo Lagrange partagent une origine commune : la volonté d’investir le temps libre. David Ryboloviecz démarre son récit à la création des congés payés en 1936 : « nos fondateurs se sont interrogés sur la prise en charge des vacances pour les adultes et les enfants. Comment les accueillir dans un cadre sécure ? Est alors née la nécessité de former des encadrants capables de penser leur action et leur intention pédagogique et éducative ».
Les 1ers « centres d’entraînement » pour former ces futur·es animateur·rices sont mis en place dès 1937. L’association, dès sa création, accordent une place centrale à la formation de ses membres et à la réflexivité.
L’éducation nouvelle
Le champ de l’éducation nouvelle, s’inscrivant dans l’éducation populaire, pense l’éducation globale : tout espace d’action contribue à l’éducation de l’enfant. « L’agir » et l’activité qui permettent de s’engager collectivement sont au cœur de cette approche, tout comme la place de l’accueil et des aménagements suscitant qui vont favoriser la vie collective, les interactions et la création.
Le directeur des Cemea poursuit avec les grands principes d’action qui guident l’association :
- Une seule éducation pour toutes et tous, à tous les instants.
- Chacun dispose de possibilités de transformation, en a le désir et la possibilité.
- Le milieu de vie joue un rôle capital pour le développement de l’individu.
- L’éducation se fonde sur l’activité et l’expérience.
- Tout être humain bénéficie du droit au respect.
Réflexivité et approches scientifiques pour nourrir la pédagogie
Les membres des Cemea se définissent comme des praticiens-chercheurs : « nous réinterrogeons tout le temps notre manière de faire les choses et l’analyse scientifique nous permet de nourrir notre réflexion sur le développement des individus et donc de nourrir notre réflexion pédagogique » complète David Ryboloviecz. Il cite également quelques-uns des pédagogues mobilisés par les Cemea : Winnicott, Wallon, Deligny, Freinet, Oury, De Failly, Best, Meirieu, Lainé…
Comme pour notre mouvement, l’émancipation, la transformation sociale et la lutte contre les formes d’aliénation motivent l’engagement des Cemea et guident leur action. Le directeur des Cemea termine en évoquant ce qu’il identifie comme les grands enjeux actuels : la place du collectif, la marchandisation de l’éducation, la démocratie, la lutte contre les idées d’extrême-droite ainsi que l’accueil des publics vulnérables et fragilisés.
S’inspirer de penseur·euses pour retenir ce qui compte pour nous
Une parfaite introduction pour préparer la 2è partie de la journée ! Les membres du conseil professionnel se sont répartis en sous-groupes, chacun traitant une des 4 thématiques suivantes, afin de penser nos ambitions et principes d’action avec l’ensemble de nos publics :
- Grandir en confiance
- Coéducation dans la relation
- Renforcer le pouvoir d’agir
- Faire société dès l’enfance
Pour chaque thématique, les salarié·es Léo visionnent des vidéos présentant des personnalités en lien avec leur thème puis échangent sur son contenu, chacun mettant ensuite en perspective avec sa propre pratique professionnelle. A l’issue, chaque groupe retient quelques idées inspirantes afin de les partager en plénière.
Identifier nos intentions éducatives pour tous nos publics
Le groupe « grandir en confiance » est le premier à prendre la parole. Les participant·es ont retenu la motricité libre ainsi que l’importance des rituels et des référent·es pour rassurer et apporter de la stabilité. Un débat a alors lieu sur la motricité libre, Benjamin interroge : « comment les intentions éducatives de cette méthode peuvent se transposer à l’enfance, à l’adolescence, à tous nos publics ? Est-ce un fondement chez nous ? » Yonnah Gaglio, directrice de crèche, répond : « en tant qu’éducateur, notre rôle est de faire une proposition d’éveil sécure, ensuite nous laissons à l’usager la liberté de s’en saisir ou pas. »
En effet, l’objectif est bien de retenir ce qui compte pour nous, les valeurs, postures, objectifs, pour l’ensemble de nos publics.
Ceux et celles qui ont réfléchi sur « la coéducation dans la relation » insistent sur la relation de confiance entre les professionnel·les et les parents. Il leur semble essentiel de tisser un lien entre ce qui se passe dans la structure et l’extérieur. Le terme autorité fait également débat : le définir représente aussi un enjeu important afin que le cadre soit clair pour les usager·ères.
Le pouvoir d’agir pour toutes et tous : usager·ères, salarié·es, bénévoles
Faire confiance, éduquer par l’erreur, prendre sa place dans l’espace public et accompagner vers l’autonomie est essentiel pour renforcer le pouvoir d’agir. Le groupe précise que tout le monde est concerné par ce pouvoir d’agir : les usager·ères mais aussi les salarié·es et les bénévoles, tout le monde disposant du droit à l’échec, au questionnement et à l’expérimentation.
Le dernier groupe réfléchissait à « faire société dès l’enfance ». Faisant référence à la philosophe Hannah Arendt, les professionnel·les Léo rappellent qu’il ne faut pas craindre de poser un cadre, nécessaire à la construction et rassurant pour toutes et tous. Ce cadre permet aussi de réaffirmer nos principes et valeurs.
Les membres du conseil professionnel suggèrent de compléter avec les enseignements de Philippe Meirieu, de Jean Houssaye et de s’inspirer davantage de penseurs étrangers. Il est proposé d’interroger les membres des fédérations africaines Léo Lagrange afin de connaître leurs pédagogues de référence.
Conseil professionnel, équipes de terrain, bénévoles, administrateur·rices, usager·ères : la ré-écriture de notre prochain projet éducatif mobilise l’ensemble des forces vives de notre mouvement !
Le saviez-vous ? Le conseil professionnel est composé de salarié·es Léo Lagrange élu·es par leurs pairs. Les membres actuels de l’instance ont pris leur fonction après le congrès à Rennes de septembre 2024. Pour en savoir plus, (re)lire Le nouveau conseil professionnel a démarré ses travaux !
Pour garder le contact :
Marie-Laure Davy
Directrice déléguée Ouest
Chargée de mission nationale Activités & Ressources
marie-laure.davy@leolagrange.org
Benjamin Mauduit
Responsable plaidoyer et des représentations extérieures
benjamin.mauduit@leolagrange.org