Depuis plus de vingt ans, le dispositif Plan Job, impulsé par la Ville de Nantes et piloté depuis 2008 par Léo Lagrange Animation permet à des centaines de jeunes issus des quartiers prioritaires de Nantes, Saint-Herblain et Couëron, de s’initier au monde du travail tout en découvrant les valeurs de l’éducation populaire. Entre missions ponctuelles de 3h et pauses citoyennes, on vous (re)présente ce dispositif unique, socialement utile et profondément humain.
Répondre à un besoin exprimé
En 2004 au Breil, les jeunes de ce quartier prioritaire nantais manifestent une envie de « faire des choses sur leur quartier, et de se faire de l’argent de poche » relate Framboise Graignic, responsable du dispositif Plan Job pour LLA depuis 6 ans. Inspiré par une initiative Vannetaise, le projet est porté par Johanna Rolland, actuelle Maire de Nantes, alors élue à la jeunesse. En régie, le projet fonctionne et l’engouement est tel qu’un appel d’offre est décidé dès 2008 : on confie la gestion opérationnelle à Léo Lagrange à travers un marché public renouvelé tous les 4 ans, qui permet au dispositif d’évoluer et de s’adapter. Aujourd’hui, près de 600 jeunes sont inscrits à Nantes, et dans les communes de Couëron et Saint-Herblain.
« Depuis toutes ces années, Plan Job a gardé son ADN et reste incroyable, parce que ça a un intérêt et du sens pour tout le monde » se réjouit Framboise.
Aux côtés de deux chargé.es d’administration et d’animation Marion Lotodé et Paul Lefur, Framboise fait vivre Plan Job à Nantes, au profit des jeunes inscrit.es, et de tout le réseau associatif et institutionnel de la métropole !
Un format simple, souple et formateur
Trois critères sont retenus pour l’inscription d’un.e jeune à Plan Job :
- Avoir entre 16 et 21 ans ;
- Résider dans l’un des quartiers politiques de la ville de Nantes, ou dans les communes de Saint-Herblain ou Couëron, limitrophes ;
- Posséder des documents qui permettent de travailler en France.
« On prend du temps avec chaque jeune lors de son inscription pour lui expliquer comment tout cela fonctionne : c’est un baptême administratif pour eux. La plupart du temps, ils n’ont encore jamais signé de contrat de travail ou eu de petits jobs rémunérés » expliquent Paul et Marion. Chaque semaine, ils tiennent des permanences dans différents lieux à Nantes : les pépinières jeunesse ou des centres sociaux par exemple. Ces entretiens, d’environ 45 minutes, permettent de cerner les profils, les envies, les freins, et de construire une relation de confiance. « L’aspect humain est essentiel. Pour bien accompagner, il faut bien connaître », insiste Framboise.
Le fonctionnement de Plan Job repose aussi sur une vingtaine d’encadrant·es pédagogiques, âgé·es de 22 à 61 ans, souvent animateurs, artistes ou simplement engagé·es dans la transmission. « Leur rôle est crucial : ils posent un cadre, facilitent les dynamiques de groupe, et parfois partagent aussi leurs parcours de vie », souligne Marion. Certains jeunes anciennement bénéficiaires du dispositif deviennent encadrants à leur tour !
« C’est un tremplin pour tout le monde. Beaucoup se créent un réseau, trouvent un travail, ou poursuivent avec le BAFA ou dans l’animation. » — Framboise
Expérimenter le travail… sans pression
Plan Job, c’est avant tout une découverte. « On n’est pas une agence d’intérim. On ne blinde pas les jeunes de missions », souligne Paul. L’idée est d’ouvrir des portes, de tester, de faire l’expérience du travail sans s’engager dans un contrat long ou contraignant. Chaque mission fait l’objet d’un CDD ponctuel, signé à l’avance. L’enjeu pour les chargé.es d’animation réside également dans la juste répartition des missions entre les jeunes inscrit.es !
Les missions proposées sont variées et s’appuient sur les besoins des collectivités et du monde associatif local : logistique événementielle, jardinage, soutien à des repas solidaires, inventaires, animations intergénérationnelles…
« Ce sont des opportunités de tester, sans pression. Et parfois, il y a des déclics, des vocations. » — Marion
Certaines actions se distinguent par leur régularité et leur portée, comme DIVADOM, un partenariat avec le CCAS de Nantes, qui permet à une équipe de jeunes formé·es au PSC1 de réaliser des visites de convivialité auprès de personnes âgées toute l’année. Les missions proposées doivent être des coups de pouce aux associations, lesquelles ne peuvent pas faire reposer l’organisation d’un évènement sur la seule participation de jeunes de Plan Job.
Certain·es jeunes vivent Plan Job comme un véritable levier dans leur trajectoire. « Manon, par exemple, fait des études de management, mais elle est hyper engagée localement. Elle a fait plein de missions, avec nous et d’autres assos. Elle est moteur. » raconte Marion.
Les effets dépassent parfois la simple insertion. Une mission de garde d’enfants peut donner envie de passer le BAFA, un atelier crochet en non-mixité devient un espace d’expression libérateur…
Une expérience valorisable, et des passerelles vers l’avenir
L’un des objectifs clés de Plan Job est de favoriser l’insertion professionnelle et l’autonomie. En plus des missions, les jeunes peuvent bénéficier d’ateliers pratiques (CV, lettres de motivation, décryptage des médias, activités créatives) et de formations financées. Le dispositif les accompagne aussi dans la valorisation de leurs expériences, que ce soit pour Parcoursup, une candidature à un emploi ou une recherche de stage.
« Une mission ne change pas une vie. Mais si on en fait une par mois pendant cinq ans, on a rencontré plein de gens, testé plein de choses, on a grandi. Et là, oui, ça peut changer une trajectoire. » — Paul
En novembre dernier, Plan Job fêtait ses 20 ans : 20 ans d’engagement, d’efficacité et d’adaptabilité. Sur les six dernières années, les plannings ont grandi pour accueillir toujours plus de jeunes candidat·es : de 280 inscrit.es sur le dispositif en 2019 à plus de 600 aujourd’hui. Les communes de Saint-Herblain et Couëron ont également intégré Plan Job, offrant elles aussi de nouvelles missions !
Plan Job a fait ses preuves et continue à répondre aux besoins du territoire, en lien constant avec les acteurs locaux. C’est cet ancrage territorial, couplé au bouche-à-oreille dont bénéficie naturellement le dispositif, qui lui garantit une formidable réputation : « Les jeunes viennent vers nous : ils nous contactent sur les réseaux, par téléphone, par mail. Beaucoup en ont entendu parler par un ami, un frère, une cousine », observe Marion.
Vingt ans après sa création, Plan Job reste plus que jamais un moteur d’émancipation pour les jeunes : un tremplin vers l’autonomie, l’engagement et la découverte de soi, porté par un réseau solide et une belle énergie collective.