Lutter contre les inégalités de destin fait partie de l’ADN des crèches Léo Lagrange. Pour honorer cet engagement, les crèches marseillaises proposent des places d’accueil occasionnel ou régulier pour des familles en grande précarité et en parcours d’insertion. Pour cela, elles travaillent avec plusieurs partenaires : des foyers d’hébergement, l’aide sociale à l’enfance et l’association Jedai, qui accompagne les familles avec un besoin urgent d’un mode de garde en vue d’une insertion professionnelle. Les crèches mettent à contribution leur expertise éducative au service des familles et des travailleurs sociaux qui les accompagnent.
Répondre aux besoins des publics et du territoire
Les 3 crèches Léo Lagrange, installées dans les quartiers de Nord de Marseille et à proximité de centres sociaux, sont pleinement ancrées dans leur territoire : elles interagissent avec les partenaires locaux, contribuent à créer des emplois en embauchant des habitant·es de quartiers enclavés et permettent à de nombreux parents en difficulté soit de bénéficier d’un répit soit de dérouler leur parcours d’insertion. Pour Sophie Vibourel, coordonnatrice petite enfance à Marseille et directrice de la crèche les Trotteurs de Saint-Louis : « c’est l’essence même de l’éducation populaire et de Léo Lagrange, répondre aux besoins des publics et contribuer au développement du territoire ».
Entre autres partenariats, les crèches marseillaises ont mis en place des habitudes de travail avec :
- Les équipes de l’aide sociale à l’enfance, en général dans le cadre du retour à domicile de l’enfant, après une mesure de placement ;
- L’association Habitat Alternatif social (HAS) qui accueille et héberge différentes catégories de publics qui n’ont pas accès au logement en raison de leur situation administrative ou d’absence de revenus ;
- Les foyers Maelis et Lou Cantou, pour mères mineures ;
- L’association Jedai qui oriente les parents à la recherche d’un mode de garde urgent, dans le cadre de leur parcours d’insertion.
Compenser une carence éducative, offrir un répit
« Nous essayons de réserver une partie de nos places en crèche pour des familles en précarité. C’est notre choix, cela fait partie de nos valeurs et contribue à la mixité sociale dans nos structures » introduit Sophie.
Parmi les enfants accueillis, certains ont fait l’objet d’un placement en pouponnière ou en famille d’accueil. Lorsque le juge aux affaires familiales valide un retour au sein du foyer, il exige que l’enfant soit accueilli régulièrement en crèche, chaque semaine et fixe un nombre précis de demi-journée.
« Parfois le milieu familial n’est pas suffisamment stimulant et stable. Lorsqu’une carence éducative a été identifiée, les travailleurs sociaux auront besoin de notre regard professionnel sur l’enfant et les interactions avec ses parents. Cela peut concerner l’hygiène, la manière dont se déroule la séparation, l’investissement parental, le respect du cadre », détaille la professionnelle.
Dans d’autres situations, les mères sont épuisées et ont besoin de temps pour elles, l’accueil occasionnel va permettre un répit pour l’adulte mais aussi des temps de socialisation pour le jeune enfant.
Lorsque les mères ne travaillent pas, sont isolées et sans famille pouvant prendre le relais, la séparation peut aussi s’avérer difficile.
Claudia Giacomantonio, éducatrice de jeunes enfants (EJE) à l’association HAS, sollicite régulièrement les crèches, aussi pour préparer l’entrée de l’enfant à l’école : « il est important que la 1ère étape de séparation puisse se faire dans un cadre sécure, la crèche est plus adaptée pour cela que l’école. »
Elle explique également que certains parents ont vécu des traumatismes avant d’arriver au foyer : « même lorsque le père est présent, dans 90% des cas c’est la mère qui s’occupe des enfants. Lorsqu’ils ont eu vécu certaines épreuves, cela soulage tout le monde, adultes comme parents, s’ils peuvent se reposer et confier l’enfant à la crèche. »
Aider au retour à l’école, au départ en formation ou à l’accès à l’emploi
Pour d’autres parents, le départ en formation ou le retour à l’emploi est impossible sans une solution de garde.
Ainsi, l’association Jedai échange régulièrement avec les équipes Léo, pour les parents qui recherchent une solution de garde, indispensable afin de leur permettre de saisir une opportunité professionnelle.
Les foyers pour mères mineures sollicitent également les crèches Léo lorsqu’une bénéficiaire est prête à reprendre son cursus scolaire. Et le partenariat ne s’arrête pas là ! « Le foyer m’a sollicitée pour accueillir en stage une de leur jeune hébergée pour valider son projet professionnel dans la petite enfance » complète Sophie.
Les crèches marseillaises ont le projet, avec Jedai, de répondre à un appel à projet afin d’obtenir l’agrément « crèche AVIP » : A Vocation d’Insertion Professionnelle. Il s’agirait ainsi d’une reconnaissance de leur action au quotidien. De plus, les structures bénéficieraient d’aides financières supplémentaires pour accompagner les familles.
Croiser les regards pour accompagner au mieux les familles
Les travailleurs sociaux ne passent pas leur journée avec les enfants et leurs parents, contrairement aux professionnel·les en crèche avec les tout-petits ! De plus, les moments de transmission, le matin et le soir, entre parents et salarié·es, sont riches en informations.
L’EJE de l’association HAS explique réaliser 1 à 2 fois par an des bilans avec les crèches qui reçoivent des enfants qu’elle a orientés. Et autant que nécessaire, elle échange avec les professionnel·les de la petite enfance : « La crèche connaît mieux que nous les enfants, si les salariés observent un problème d’hygiène par exemple, elles nous préviennent. Cela nous permet ensuite d’échanger avec les parents, nous les questionnons pour savoir comment ils s’en sortent et s’ils ont besoin d’aide » illustre Claudia.
Sophie raconte la situation d’un enfant accueilli à la crèche, né avec le syndrome d’alcoolisme fœtal et qui souffre d’un retard de développement. La crèche est intégrée dans le suivi mis en place par le Centre d’Action Médico-Sociale Précoce (CAMPS) : « nous avons des réunions régulières pour échanger sur cet enfant. Je m’y suis rendue avec sa référente et elle a témoigné de l’évolution de l’enfant, de son comportement, de ses interactions dans la section. C’était d’ailleurs très valorisant pour son travail ! »
Un sentiment d’utilité sociale très fort pour les équipes petite enfance
Accompagner dans leur développement de jeunes enfants qui démarrent dans la vie avec des conditions d’existence difficiles, précaires, donne une autre tonalité au travail des professionnel·les ! L’utilité sociale de leurs missions est au cœur de leur travail : « j’explique régulièrement aux salariés les situations sociales de certaines familles, elles savent qu’elles ont un rôle important à jouer auprès des tout-petits » explique Sophie. De plus, la prise en compte de cette dimension sociale exige des professionnel·les de faire évoluer leurs pratiques : « nous travaillons sur le non-jugement, la réflexivité et nous devons adapter nos manières de faire. Les équipes font en sorte d’individualiser de plus en plus l’accueil des enfants. »
Mettre en place les partenariats nécessaires et les modalités professionnelles pour accueillir tous les publics et lutter contre les inégalités sociales fait partie de l’engagement des équipes Léo, dès les premiers mois en crèche et ce, ensuite, tout au long de la vie.
Pour garder le contact :
Sophie Vibourel
Coordonnatrice petite enfance à Marseille
Directrice de la crèche Les Trotteurs
sophie.vibourel@leolagrange.org