Chaque mois, le réseau national Ados-Jeunesses de la Fédération Léo Lagrange se réunit autour d’une thématique transversale, pour outiller au mieux les professionnel.les et encourager le partage de méthodes et d’expériences entre pairs. En juillet dernier, les professionnel.les du réseau se retrouvaient autour de la question des compétences psychosociales, avec l’éclairage de Yannick Séguignes, directeur du pôle engagement Léo Lagrange Sud-Ouest.
Les compétences psychosociales : proposition de définition
Lorsqu’on demande aux professionnel.les du réseau Ados-Jeunesses ce que leur évoquent les « compétences psychosociales » en un mot, les réponses sont nombreuses : écoute, communication, bien-être, bienveillance, empathie, gestion des émotions… En effet, les compétences psychosociales (CPS) regroupent des compétences sociales, émotionnelles, et cognitives qui contribuent à la création d’un environnement positif, l’amélioration des relations à soi et aux autres, et permettent des interactions efficaces. On peut notamment citer la gestion des émotions, la créativité, la réflexion critique, l’écoute active, la communication interpersonnelle ou encore la prise de décision.
Yannick Séguignes le rappelle en introduction de son intervention, « les CPS sont considérées comme des facteurs génériques de la santé et du bien-être car leur développement permet d’agir sur plusieurs problématiques. »
Dans les années 90, l’OMS définit la compétence psychosociale comme suit : « la capacité d’une personne à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne. Autrement dit, c’est la capacité d’une personne à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d’interactions avec les autres, au sein de sa culture et de son environnement. »
Le développement des CPS concerne aussi bien l’individu lui-même que son entourage dans sa relation aux autres et sa lecture des évènements.
L’importance des compétences psychosociales dans les métiers de l’animation
Un large spectre de situations sociales ou personnelles est impacté par le développement ou non des compétences psychosociales d’une personne. Yannick Séguignes mentionne notamment le bien-être et la santé mentale qui bénéficient grandement du développement de CPS (la diminution de la souffrance psychologique, des comportements et troubles suicidaires, des troubles affectifs et du comportements). Les situations de harcèlement, les comportements sexuels à risques ou la consommation de substances psychoactives ont également fait état d’une diminution selon les nombreuses recherches menées depuis une quarantaine d’années. Enfin, dans le milieu scolaire, le développement des CPS entraîne une augmentation de l’engagement et des résultats scolaires, une diminution de l’échec scolaire et une meilleure insertion professionnelle.
Pouvoir travailler le développement des compétences permet ainsi d’outiller les jeunes et adolescent.es à une vie sociale et professionnelle basée sur la confiance (en soi et en les autres), la bienveillance et le respect. Yannick Séguignes explique par ailleurs que « les CPS peuvent se développer tout au long de la vie par l’expérience, les interactions sociales et un apprentissage basé sur une pédagogie expérientielle et positive. Pour permettre à tous ce développement psychosocial optimal, les CPS peuvent être renforcées par des cycles d’ateliers psychoéducatifs et ce dès le plus jeune âge pour optimiser leurs bienfaits. »
Des outils et pratiques à disposition des professionnel.les
Au cours de sa présentation, Yannick Séguignes propose aux participant.es une méthode de mise en place d’un programme de développement des CPS. « Les conditions du développement des CPS dans un espace éducatif reposent sur la faculté pour les bénéficiaires, les individus en interaction d’interagir et d’agir sur leur environnement. » Il expose différents facteurs (principaux ou complémentaires) à mobiliser pour des interventions réussies. Par exemple, il est nécessaire que les intervenant.es soient eux-mêmes bien formé.es et informé.es sur les CPS enseignées, ou encore que les CPS soient développées grâce à « un ensemble d’activités organisées et coordonnées. » Par ailleurs, il est recommandé que les enseignements des CPS soient « intensifs et s’inscrivent dans la durée » en commençant dès la petite enfance, en s’adaptant à chaque public.
Ces facteurs sont présentés et commentés par l’expérience de Yannick, qui par son activité au sein du pôle engagement Léo Lagrange Sud-Ouest, place les CPS au cœur de ses pratiques professionnelles.
L’éducation populaire : un terreau fertile au développement des CPS
Qu’il s’agisse d’ateliers de cohésion par l’activité sportive, de débats encadrés, ou encore de séances de sensibilisation, de nouveaux outils pédagogiques ont été développés et sont utilisés par les professionnel.les de l’éducation populaire, laquelle offre un cadre privilégié au développement des CPS. En associant des activités concrètes à la réflexion collective, elle permet aux jeunes et adolescent.es de mieux appréhender leurs émotions et leur relation au monde, et de se positionner dans la société en tant qu’acteur.rices conscient.es et engagé.es.