À Chenôve (21), un projet scolaire autour du devoir de mémoire s’est transformé en véritable aventure citoyenne. Accompagnés par l’équipe de l’Alphaléo, seize jeunes lycéen·nes se sont engagés dans une démarche collective pour comprendre l’histoire et en transmettre le sens : de la visite du camp de Natzweiler-Struthof à la participation à une cérémonie commémorative, un parcours à la fois éducatif, humain et profondément ancré dans les valeurs de l’éducation populaire.
Une idée, un stage, un projet collectif
L’histoire débute par l’idée de deux amies en première AGOrA (Assistant à la gestion des organisations et leurs activités) à Dijon. Dans le cadre de leurs études, elles sont invitées à présenter un projet sur un sujet libre. « On a abordé le sujet du devior de mémoire en cours et ça nous a beaucoup intéressées toutes les deux. On s’est renseignées, on a fait nos petites recherches et on a décidé de se lancer sur le sujet » explique Nissrine, l’une des deux initiatrices du projet !
Avec l’appui de l’Alphaléo de Chenôve, où elles effectuent un stage en parallèle, leur réflexion s’est rapidement transformée en projet concret, mobilisant d’autres jeunes autour d’elles.
Accompagnés par les animateur.ices, les jeunes et lycéens ont imaginé un parcours mêlant recherche historique, engagement civique et apprentissage collectif. Ils ont monté leur dossier de financement – en sollicitant notamment le CLAP de la ville de Dijon, l’ANCV et la bourse FAVA proposée par le département Côte d’Or – et ont organisé eux-mêmes les différentes étapes de leur projet.
Un voyage marquant sur les traces de l’histoire
Au mois de mars 2025, ils sont 6 jeunes au départ de Chenôve pour passer deux jours en Alsace, ponctués par la visite du camp de camp de concentration de Natzweiler-Struthof. Mehdi et Matt, tous deux services civiques à l’Alphaléo, font partie du voyage Une expérience bouleversante, à la fois silencieuse et profondément formatrice.
« Ce qui m’a le plus marqué [au camp] c’est de ressortir comme une sorte de présence quand on y était, comme si les personnes qui étaient arrivées ici étaient toujours là, et j’ai senti que j’avais un devoir envers elles, pour honorer leur mémoire. » se souvient Matt.
« On ne s’attendait pas à vivre une émotion aussi forte, ça m’a donné un autre regard sur comment on l’étudie à l’école » dit Nissrine
A leur retour, les jeunes participent à une cérémonie commémorative à Chenôve, en mémoire des morts des guerres mondiales et de la guerre d’Algérie. Leur parcours se poursuit en avril avec une présentation à la bibliothèque municipale des mémoires d’Henri Bosson, centenaire résistant et rescapé du camp de Natzweiler-Struthof. Vincent, participant au projet, témoigne : « Henri Bosson nous a parlé de ce qu’il a vécu depuis son arrestation jusqu’à sa libération. Ce qui m’a le plus marqué c’est ce qu’il a vécu, et son message pour la jeunesse : devant l’adversité, soit on est soumis soit on résiste. »
En avril, le petit groupe rencontre monsieur Belin, historien de la ville de Chenôve, qui les accompagne sur le parcours de mémoire de Chenôve, long de 4km et parsemé de bien des anecdotes éclairantes sur le passé en temps de guerre. Anasthasia Bruni, accompagnatrice de projet jeunes et coordinatrice du projet pour l’Alphaléo, revient sur cette rencontre : « On a fait toute la ville avec des pancartes qui expliquaient un peu qui étaient les résistants à Dijon. J’ai beaucoup aimé et je le referai sans hésiter. Je pense que c’est important que les jeunes fassent cette visite. »
Au début de l’été, les jeunes qui avaient documenté leurs différentes étapes dans ce parcours de mémoire de plusieurs mois, se forment au montage et créent un court-métrage. L’heure est également au bilan pour chacun.
Transmettre la mémoire et grandir par l’engagement
Cette immersion dans l’histoire a permis à chacun·e de mesurer le poids du passé, mais aussi la responsabilité du présent : celle de faire vivre le devoir de mémoire pour éviter la répétition des violences.
Pour Nissrine : « Je me suis sentie plus mature. J’ai une autre vision de la vie, ça nous a un peu changés. Au lycée, les profs avaient hâte d’avoir notre retour, ils nous ont dit qu’on ne voyait pas souvent des jeunes avoir ce genre d’initiative et que c’était une chose à faire pour tout le monde ! »
Au fil des rencontres et des découvertes, les jeunes ont développé des compétences bien au-delà du scolaire : recherche de financements, travail collectif, autonomie, sens critique.
Pour l’équipe de l’Alphaléo, ce projet illustre pleinement la vocation du dispositif : accompagner les jeunes dans des expériences formatrices, où l’apprentissage citoyen prend racine dans l’action.





